Manicomio de Maggiano, Lucques,Itlaie 2021-2021

Voyage au manicomio de Maggiano

Paul Klee a déclaré en 1956 que le monde entier est une maison de fous.

A travers ces photographies, j’ai essayé d’écrire une histoire, celle de patients internés dans un manicomio.
Le discours fou et obsessionnel est la plus grande sagesse du monde parce qu’il est humain. ( Wieland Herzfelde).
Me retrouver seule dans un tel endroit, m’amène à moi, mon intérieur, ma folie ? Me permet d’imaginer….

Que peut ‘il se cacher derrière la porte close de ce manicomio ? L’internement en psychiatrie a été pour longtemps un lieu d’enfermement, un lieu caché, un lieu du non dit.

Les patients étaient des noms accrochés au mur . Et ne pouvant sortir, ils étaient pour le plus souvent soignés sur place . Que peuvent se dire ces deux flacons sur le chariot ? Et ces appareils radiologiques , de la détresse des patients, de leur solitude.
Et ces lits vides, que de conversations n’ont ‘ils pas enregistrées ? Et ne sont ils pas les témoins anonymes de la vie des internés, (la nuit étant propice à cela) , de leur espérance , de leur désir de liberté ? des fenêtres semblant ouvertes.

Et en même temps, il y a une table et des chaises, permettant une conversation, un échange.

Echanges qui pouvaient se continuer autour d’ un repas comme l’évoque cette cuisine. Assise sur la chaise et regardant, que peut elle me raconter à la fois protégée derrière son volet clos, son tableau de fusibles, ses cuves, son hachoir, son robot, ses brûleurs , son frigidaire, de la vie bouillonnante de ce lieu , des ses odeurs, ……

Mais un autre moment important est celui de la toilette ,le pantalon accroché sur la patère , et le choix entre la douche,le bain ou le lavabo.

Et de se faire beau….

Et…

Créer , ce qu’on appelle aujourd’hui l’art brut ou asilaire.
Faire la fête.

Pour conclure, je reprendrai une phrase de Paul Klee : « Où est la folie des schizophrènes ? Pour ma part je ne la vois pas dans leur peinture ….Ils ne redeviennent fous qu’en cessant d’être artistes.. » (Et Mario Tobino avait compris cela bien avant certains de ses collègues.)

Cela m’amène à une réflexion très personnelle : Sur la reconnaissance d’un « artiste ». Ne dépend t’ elle pas des rencontres qu’ il peut faire ? Il est vrai que d’ être interné ne favorise pas cela.
Je n’ai volontairement pas photographié les oeuvres d’art des patients de
ce manicomio, pensant que cela leur appartenait .